De la Bidouze à la Bidassoa


L'eau a donc joué et joue encore un rôle majeur dans la création du paysage basque tel qu'il apparaît au voyageur.

 

Le réseau hydrographique, bien réparti et de débit régulier grâce aux influences océaniques, peut être résumé aux quelques cours d'eau les plus emblématiques, à commencer par l'Adour.

 

Ce fleuve, qui est la grande artère de Iparralde, court sur 300 kilomètres, dont seulement une trentaine dans ce qu'on appelle aujourd'hui le Pays Basque.

Nulle contradiction pourtant car l'Adour - Atturi en basque - est le fleuve gascon par excellence, et cette Gascogne historique entre Pyrénées et Garonne fut le territoire des Vascons au nom transparent pour qui s'intéresse aux Vascos, comme les appellent les Espagnols.

 

D'ailleurs, dans le département voisin des Landes, la toponymie est marquée par cette origine commune. Deux exemples de noms de chefs-lieux de canton suffisent à le montrer: les habitants d'Aire-sur-l'Adour sont les Aturins quand ceux de Tartas s'affichent encore (Crassus les vainquit il y a plus de 2 000 ans !) Tarusates.

 

On a ici sans conteste des marques d'une toponymie prélatine, en l'occurrence aquitaine pour ne pas dire basque.

L'Adour, qui unit ces territoires, naît près du Tourmalet et est un grand collecteur de rive gauche de rivières basques. Il reçoit de fait directement ou indirectement la quasi-totalité des rivières descendant des contreforts pyrénéens depuis le fin fond de la Haute-Soule jusqu'à la Nive (Errobi en basque) venue de Saint-Jean-Pied-de-Port. Il se marie à elle à Bayonne, avant de se jeter dans l'Océan.


Un autre affluent vaut la peine d'être mentionné : la Bidouze (à rapprocher une fois encore étymologiquement de la Midouze qui se forme à Mont-de-Marsan).

Plus longue rivière (80 kilomètres) du versant atlantique du Pays Basque y compris dans sa partie espagnole, elle aurait mérité plus qu'une mention, ne serait-ce que par son mariage à Saint-Palais avec la Joyeuse au joli nom.


Elle n'a pas, c'est certain, la célébrité de la Bidassoa, qui vit sur l'île de la Conférence, modeste îlot détaché de l'île des Faisans, la rencontre en 1659 du cardinal Mazarin et de Don. Luis de Haro. L'objet fort diplomatique de la rencontre au « sommet », en territoire neutre à Béhobie/Pausu, permit de donner une reine à la France, une épouse devant Dieu (et le bon peuple de Saint-Jean-de-Luz) au jeune - et déjà ardent - Louis XIV et accessoirement une frontière définitive au Royaume dans ses confins pyrénéens.

 

Pour l'anecdote, il a aussi eu pour corollaire d'établir un condominium, le plus petit du monde, entre les deux États. Il ne s'agit pas de l'Andorre et de ses deux coprinces français et espagnol, mais bien de ce confetti insulaire, aujourd'hui planté d'arbres et abritant un monument commémoratif. N'allez pas y faire de bêtises car, entre le 1 er février et le 31 juillet, c'est à la Guardia Civil qu'il vous faudra rendre des comptes. Que les aoûtiens se rassurent: nos pandores bien français s'occuperont d'eux le reste du temps...

 

Mais ma rivière par excellence reste la Nivelle (Urdazuri en basque), qui entre en France par Dancharia (où dans mon enfance nous allions faire emplette dans les ventas du côté espagnol, les parents nous donnant l'illusion d'un trafic dangereux) et trouve son exutoire dans la baie de Saint-Jean-de-Luz, baignant au passage Saint-Pé et Ascain.

 

Son suffixe lui donnait alors à mes oreilles d'enfant un air léger qui allait bien avec l'ambiance des grandes vacances et les rendez-vous pour la pêche aux crabes. Et puis quelle synthèse du Pays Basque que cette petite Nive née sur d'aimables montagnes à mesure d'hommes qui vient frayer dans la plus belle baie d'Euskadi (la patrie des Basques) avec le grand Océan dont elle marque deux fois par jour les marées hautes !

 

de la bidouze à la bidassoa (2018). Dans pays basque une terre, l’océan et des hommes .

 

Nagusia, marque de vêtements basques.