Comme tous les mythes, celui de la villa Belza comporte des zones de mystère : à sa genèse, c'est un certain Ange Dufresnay, directeur des assurances "Le Phénix", qui aurait arrimé sur un éperon rocheux sis entre le Port-Vieux et la Côte des Basques cette étrange maison perchée hérissée de tourelles et d'échauguettes.
Mais l'histoire semble avoir commencé bien avant, vers 1825, lorsqu'un cultivateur du nom de Dominique Daguerre obtient, lors d'un échange avec la commune, ce champ curieusement implanté sur les rochers.
Son fils Étienne vend ensuite ce «cassaou de Trespots », également appelé «champ du rossignol», une dénomination bien poétique, au notaire Alexandre Dihinx.
D'une superficie initiale de plus de six hectares, Le «champ du rossignol» reste vierge de construction jusqu'en 1882, date de sa vente à Ange Dufresnay. À cette époque, Le terrain est clôturé par un baradeau planté de tamaris ; un sentier permet d'en faire le tour et les Biarrots ne se privent guère d'aller y pêcher ou flâner.
Pour donner forme à la coûteuse fantaisie qu'il rêve d'y bâtir, Dufresnay fait appel à un architecte fortement marqué par les romans de Walter Scott, Alphonse Bertrand, auteur du château de la Roche Ronde et des Bains mauresques à Biarritz ainsi que du casino tout aussi mauresque échoué sur la plage d'Hendaye.
Bertrand sera secondé dans ce projet par l'entrepreneur A. Joly. Sur Les photographies anciennes, le donjon massif qui jouxte le corps principal était bardé de hauts bow-windows de bois ajourés, évoquant les moucharabiehs de l'architecture mauresque.
En aplomb sur les flots au débouché de l'étroite corniche longeant la mer, cette étrange construction semble attendre l'abordage de quelques barbaresques d'opérette.
Elle répondrait au nom de villa Belza en hommage à une esclave noire qui aurait sauvé sous la Terreur les ancêtres maternels de monsieur Dufresnay.
Mais selon une autre version, c'est sa situation insolite en aplomb sur les rochers ainsi que sa proximité avec le Pont du Diable qui lui aurait valu ce nom, «Belza» signifiant égaiement «noir» en basque. Des décennies durant, les on-dit firent d'elle L'antre du mystère, alimentant les plus folles légendes de sorcellerie ou de revenants...
Jusqu'au cinématographe qui, dès 1908, met à profit les qualités suggestives de ce site, l'utilisant comme décor pour diverses scènes de films.
la villa belza à biarritz (2015). Dans Jardins & Intérieurs du Pays Basque.