Le Camp Romain


Édifié près du gué sur la rive droite du Laurhibar, au lieu-dit Burgocharre, le camp romain de Saint-jean-le-Vieux est un site exceptionnel et déterminant pour la compréhension de la romanisation en Pays de Cize et plus généralement en Pays basque.

AU PIED DES PYRÉNÉES

 

L'implantation du camp au pied des Ports de Cize n'est pas anodine.

 

Suite aux victoires de Corvinus Messala en 28-27 av. J.-C. et la pacification de l'Aquitaine et de l'Ebre à la fin du 1er siècle av.J.-C., les Romains ont voulu pérenniser leur domination en aménageant un réseau routier facilitant les relations entre l'Aquitaine et l'Hispanie.

L'ancien itinéraire transpyrénéen de la Protohistoire, passant par la tour-trophée d'Urkulu et le col d'Arnostéguy, fut supplanté par la nouvelle voie romaine de Bordeaux à Astorga.

 

Son tracé est connu par un document antique du Ille siècle ap. J.-C., l'Itinéraire d'Antonin.

Celui-ci indique quatre mansiones (villages routiers) entre Pampelune et Dax : Carasa (Garris ou Carresse), Imus Pyrenaeus, « le bas des Pyrénées », localisé à Saint-Jean-le-Vieux, Summus Pyrenaeus, « le haut des Pyrénées », situé vraisemblablement au col d'Ibañeta, et Iturissa, identifié aux limites des communes de Burguete et d'Espinal, en Navarre.

 

C'est donc sur le passage de cette voie majeure, au pied de la traversée des Pyrénées par les Ports de Cize (col de Bentarte, Lepoeder, et lbañeta / Roncevaux), que fut établi ce camp romain, véritable halte routière avant l'ascension montagneuse.

L'importance de ce site et sa position stratégique ont permis aux chercheurs de l'associer à Imus Pyrenaeus.

 

La première occupation du camp date de l'extrême fin du ler siècle av. J.-C., vers 15-10 av. J.-C.

Ce premier habitat, à vocation défensive, est constitué de structures et d'architectures très légères, essentiellement en pisé.

Ainsi, un véritable camp militaire protégeait le débouché du col de Roncevaux.

Au début des années 20 ap. J.-C., ce premier camp semble avoir été détruit, avant d'être reconstruit plus solidement, vers la fin du règne de Tibère.

Tout autour des thermes, grand symbole de la romanisation, s'ordonne un lacis d'étroites ruelles de galets encadrées d'habitations aux murs d'adobe reposant sur des socles de pierre.

De ce vaste réseau, les thermes sont les vestiges les mieux conservés.

Au tout début du ler siècle ap.J.-C., un petit établissement thermal, composé de 4 salles (apodyterium, frigidarium, caldarium et chambre de chauffe) satisfait les besoins d'une petite communauté d'habitants.

Dans les années 30 ap.J.-C., ces thermes, insuffisants face à l'accroissement des besoins, connaissent un agrandissement important, à l'image de la piscina du frigidarium au sol dallé de briquettes en opus spicatum, ou du caldarium et sa vaste abside à l'ouest et celle plus petite au sud.

 

Ces thermes proposent deux sections de bains. La plus modeste, au nord, devait être réservée aux femmes ; la plus vaste, au sud, aux hommes. Ces bains furent abandonnés vers 75-90 ap.J.-C. À cette phase prospère succède une période plus sombre marquée par une destruction massive dans la seconde moitié du Ille siècle ap.J.-C., lors du passage vers l'Espagne des premières vagues barbares.

 

Cependant, ce noyau de peuplement et ce poste militaire organisé autour du vicus perdurent tout au long du IVe siècle, jusqu'au passage des Vandales, au début du Ve, puis sont définitivement abandonnés par la suite. Un musée de site expose le très riche matériel archéologique (monnaies, lampes romaines, amphores...) recueilli. Alain Zuaznabar

 

 

saint-jean-le-vieux (2020). Dans 101 sites et monuments qui racontent le pays basque .

  

 

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