Le Château d'Ilbaritz


Perchée au sommet d'une colline battue par les vents, se dresse la silhouette fantomatique et désolée du château du baron Albert de l'Espée (1852-1918).

 

L'édifice fut conçu entre 1894 et 1907 par l'architecte Gustave Huguenin pour l'héritier des aciéries de Wendel, un passionné de musique d'orgue. Ici, comme dans certaines autres résidences de Montriond (Savoie), de son hôtel particulier parisien et du château de Kerozer près de Vannes (demeure de son épouse), le baron de l'Espée fit édifier, au centre d'un domaine de 60 ha en bordure de la mer, une vaste demeure destinée à servir d'écrin à un salon de musique richement orné où trônait un orgue Cavaillé-Coll de grande dimension, aujourd'hui remonté au Sacré-Coeur de Montmartre (sauf le buffet).

 

Le monumental instrument fut remplacé en 1907 par un autre de proportions moindres (facteur Mutin), aujourd'hui installé dans l'église d'Usurbil (près de Saint-Sébastien).

 


UN PALAIS HYGIÉNISTE IDÉAL

 

Disposant de sa propre centrale hydro-électrique, d'un établissement de bains, d'une source naturelle minérale et d'une laiterie, Ilbarritz avait été conçu comme un palais hygiéniste idéal, prévu pour assurer la bonne santé du baron, dont les poumons fragiles lui faisaient craindre la tuberculose.

 

Le dispositif était doté d'un parcours thérapeutique de cure « à l'air », sous forme de galeries couvertes, ponctué de pavillons de repos, de bains, d'étude ou de bouche, dont un castel néo-gothique, une salle à manger panoramique, un établissement marin et de nombreux bungalows chauffés.

 

Le baron souhaitait partager son domaine avec la jeune actrice Biana Duhamel (1870-1910), pour laquelle il avait fait édifier à proximité la villa Les Sables, mais l'histoire d'amour tournant court, le baron chercha vainement à vendre Ilbarritz, à condition notariée que l'acquéreur ne modifiât en rien la cité modèle.

 

Fermé jusqu'en 1906, le château modernisé après travaux retrouve Albert de l'Espée : nouvelle maîtresse, nouvel orgue, nouvelle vie... Mais nouvel échec sentimental également, et le baron se sépare définitivement du domaine en décembre 1911.

 

LA CITÉ INTERDITE

 

Du fait des multiples réappropriations successives qui en ont jalonné l'histoire (hôpital durant la Première Guerre mondiale, maison de convalescence pour les réfugiés de la guerre d'Espagne, garnison allemande à partir de 1940, puis annexe de ferme), entraînant de nombreuses dégradations, Ilbarritz, surnommé « la cité interdite» par les Biarrots, a longtemps souffert de manque d'entretien.

 

De fait, il ne reste aujourd'hui malheureusement plus rien des promenades couvertes (démolies en 1913 pour un premier projet de golf) et des pavillons qui permettaient au maître des lieux de suivre sa thérapie climatique.

 

Quant à la demeure, toujours intacte, elle présente l'aspect d'une grande maison austère en forme de T, bardée de fer et de fonte. Pourvu d'une importante toiture couronnée par un belvédère, le vaisseau futuriste d'un autre âge est arrimé par des structures métalliques supportant terrasses et balcons.

 

Aujourd'hui fermé, Ilbarritz reste, comme la villa Belza à Biarritz, un point de repère obligé de la côte basque. Acquis en 2014 par Bruno Ledoux, le nouveau propriétaire projette d'ouvrir le site au public après sa restauration.

 

 

château d'ilbarritz (2020). Dans 101 sites et monuments qui racontent le pays basque .

  

 

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