Le Fort de Socoa


Au XVIe siècle, alors que se développe une agglomération nouvelle « au bout du pont », en face de Saint-Jean-de-Luz, et que les guerres avec l'Espagne font rage, la petite anse naturelle, protégée par une pointe rocheuse à l'entrée ouest de la baie, devient un espace stratégique.

 

Ne disposant pour accueillir ses navires que d'une zone marécageuse en amont du pont, sur l'embouchure de la Nivelle, la cité en pleine croissance voit dans ce petit bassin appelé Zokoa (« le coin »), déjà utilisé occasionnellement, l'opportunité d'installer un « havre neuf» plus efficace.

 

D'autre part, face aux menaces espagnoles, Socoa apparaît comme un point sensible du dispositif de défense de la côte qu'il importe de fortifier, de même que Bordagain, plus au sud sur la colline, et Sainte-Barbe, de l'autre côté de la baie.



PLACE STRATÉGIQUE

 

À la fin du XVIe, une première tentative d'aménagement portuaire est interrompue en raison de l'opposition de la commune d'Urrugne et du seigneur d'Urtubie, propriétaires des terrains jusqu'en 1603.

 

Voulus et financés par Ciboure et Saint-Jean-de-Luz, avec l'aide des subsides du roi, les travaux reprennent après 1615, non sans tiraillements entre les futurs bénéficiaires.

Quais et môles permettent ainsi, dès les années 1625, d'abriter une partie de la flotte des deux cités.

Au même moment, débute sur les rochers la construction d'un fort qui est encore en chantier en 1636, lorsque les Espagnols envahissent la côte, brûlant 14 navires baleiniers dans le port de Socoa.

La tour massive crénelée avec son escalier hors-d'œuvre est élevée dans la seconde moitié du XVIIe siècle.

L'ensemble du fort est réaménagé par Vauban à partir de 1693, mais son rôle militaire ne sera plus mis à l'épreuve jusqu'à son déclassement en 1891.

 

A l'entrée du bassin, un groupe de maisons anciennes - dont certaines ont été largement transformées - rend compte de la petite bourgade qu'avait fait naître l'intense activité du site au XVIIe.


UNE DIGUE CONTRE L'ATLANTIQUE

 

La grande affaire de Socoa, à partir du siècle suivant, est la fermeture de la baie. Vers 1670, une évolution des fonds marins réduit les défenses naturelles qui protégeaient Saint-Jean-de-Luz et créée une menace de plus en plus pressante.

 

Les premières maisons disposées en front de mer sont emportées, avant que l'océan n'engloutisse par la suite des morceaux de ville entiers (1749,1782). Dès Vauban, des projets de digues sont imaginés pour briser la puissance des eaux, entrepris seulement à la fin du XVIIIe siècle.

 

Les travaux d'envergure ne sont lancés que sous le Second Empire, à partir de 1867.

Trente ans de travaux permettent alors de sauver la ville, en dressant une digue de 320m depuis Socoa (la plus longue), une autre au centre de la baie (l'Artha), une dernière arrimée à Sainte-Barbe.

 

Depuis, leur entretien nécessite chaque année le dépôt de plusieurs blocs de 50 tonnes sur les massifs immergés en avant des murs, au moyen de pontons flottants inchangés depuis 130 ans. En 1951, une tempête hors norme parvint à déposer l'un de ces blocs sur la digue de l'Artha... ! Jacques Battesti

 

 

 

ciboure (2020). Dans 101 sites et monuments qui racontent le pays basque .

  

 

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