Une première chapelle, élevée dans le quartier de la Chambre d'Amour sous le Second Empire (1867), ne permettait plus d'accueillir le nombre croissant de fidèles.
En 1921, l'abbé Maurice Sabès projeta alors la construction d'un nouvel édifice, dont il confia les plans à l'architecte biarrot Pierre Fonterme (auteur de la villa Casaflory à Anglet, 1926).
Mais, bien vite jugée « vieillotte et délabrée », elle fut suivie d'une troisième paroisse, Sainte-Marie-d'Anglet-Plage -- comme elle est appelée par la presse de l'époque --, que Mgr Gieure bénit le 28 septembre 1930.
L'église prend place dans un jardin aménagé par les frères Gélos ; elle est ornée d'un fronton de pelote basque et complétée par un presbytère, les infrastructures d'accompagnement montrant bien l'ambition du projet.
UN AIR DE CALIFORNIE
L'architecture massive et simplifiée de l'édifice, conçu par l'architecte Charles Hébrard, fait penser aux petites églises franciscaines, couvertes de chaux et construites par les missionnaires espagnols au XVIIe siècle en Californie.
La présence d'un mur-clocher, l'absence d'ouverture en façade ou les murs blancs et lisses le confirment. Construite en pierre, avec des pièces de charpente en ciment armé, l'église Sainte-Marie présente une simple nef couverte d'un plafond de poutres, s'ouvrant sur un chevet à cinq pans.
Deux chapelles latérales font office de transept. La façade nord, précédée par un porche en saillie, est traitée avec un grand dépouillement. Mais les soubassements en pierres du pays ou les toits de tuiles à larges débords s'inscrivent dans une tradition vernaculaire évoquant les petites églises de la Soule.
Ce trait régionaliste se confirme à l'intérieur, avec la présence d'une double tribune en bois, soutenue par des corbeaux en béton et qui courent sur les trois côtés de la nef et par la surélévation du chœur.
SIGNÉ MAUMÉJEAN
Comme c'est souvent le cas dans les églises de l'entre-deux-guerres, on note un contraste très marqué entre le dépouillement architectural et la richesse du décor. Celui-ci, réalisé plus tardivement, entre 1936 et 1940, fait appel à quelques artistes locaux parmi les plus réputés.
D'un bel effet décoratif, les peintures du chœur (1936) sont confiées à Berthe Grimard (1906-1992), fille du peintre bayonnais André Grimard et élève de Georges Bergès, qui représente sur un fond d'or une Vierge en majesté entourée par une douzaine d'anges thuriféraires.
Cet ensemble séraphique, plus Maurice Denis que Georges Desvallières, se trouve rehaussé par les vitraux des frères Mauméjean (fabriqués dans la proche manufacture d'Hendaye), consacrés à saint Paul, La Crucifixion (1933) ou saint Pierre (réalisé, en partie, en mosaïcristaI).
D'autres verrières comme Jeanne d'Arc écoutant ses voix (1940), ou de grands panneaux muraux mêlant mosaïque et peinture sur ciment, témoignent du talent des mosaïstes-verriers.
La descente d'escalier en deux demi-volées supporte une rampe en fer forgé descendant sur deux pilastres supportant deux cache-pots tournés et vernis blancs, décorés de coups de gouge laissant apparaître la terre.
Ils sont signés Vincent Cazaux, potier tourneur de terre à Biarritz, « meilleur ouvrier de France 1936 ». Un ciboire et une patène du même sont abrités dans la sacristie. Un Christ en bois de camélia (chœur), symbolisant la Résurrection, a été réalisé par Clément Bousquet.
L'orgue situé en tribune a été construit en 1917 par la maison parisienne de Charles Mutin, successeur de Cavaillé-Coll, pour le grand séminaire de Bayonne. Restauré et agrandi en 1934 par la maison Puget de Toulouse, il a été transféré à Sainte-Marie par le facteur Robert Chauvin de Dax. Dominique Dussol
l'église sainte-marie (2020). Dans 101 sites et monuments qui racontent le pays basque .