Moulin de Chalcarraga


Tout comme Sare, le village d'Ascain a été immortalisé par Pierre Loti qui y fit de nombreux séjours à L'hôtel de La Rhune, et puisa en ces lieux l'inspiration de son roman culte, Ramuntcho.

Quelque part au bord d'une route étroite, à l'est du village, un ancien domaine agricole, incluant à l'origine une ferme, un moulin et une maison de campagne, témoigne encore de la richesse de ces terres.

 

Si les aléas des remembrements et des successions ont définitivement séparé les trois entités, le moulin de Chalcarraga n'en continue pas moins de mener son bonhomme de chemin.

 

Édifié au XIVe siècle, c'est l'un des neuf moulins à eau subsistant sur le territoire d'Ascain.

 

Sa façade blanche striée de colombages rouge vif, détachée de son fond verdoyant, confine un peu à l'image d'Épinal : on s'attend donc à apercevoir la roue, battant Les eaux de son rythme régulier, mais de roue, point en vue.

De fait, ce type de moulin est équipé de meules horizontales : initialement, elles étaient au nombre de deux, chacune ayant un diamètre d'un mètre et demi.

Seule la meule à maïs subsiste : elle est toujours en état de fonctionnement, mais si elle se dérobe farouchement aux regards depuis l'extérieur, la cause en est due à l'abondante végétation qui protège l'arche de pierre sous laquelle se glisse le bief alimentant le moulin depuis les eaux de L'Hanibaria, un affluent de La Nivelle.

 

À l'instar des autres types de moulins, celui-ci s'est vu contraint de cesser son activité au cours du XXe siècle, supplanté par les moteurs électriques et les minoteries.

 

En 1936, il est réaménagé en résidence secondaire par l'architecte Luzien André Pavlovsky. Celui-ci greffe sans complexe sur la gauche du bâtiment, en partie méridionale, un pavillon aux allures balnéaires doté de baies cintrées et de menuiseries rouge vif des éléments à l'indéniable résonance Art déco qui n'en revendiquent pas moins une identité basque.

Le portail franchi, une fois passé l'impressionnant cryptomeria japonica centenaire qui en garde jalousement l'entrée, le moulin de Chalcarraga nous dévoile le précieux trésor qu'il garde par-devers lui : un vaste jardin paysager blotti entre le coteau de la ferme voisine et le cours de la rivière.

 

Son charme romantique nous transporte dans un univers onirique qui n'est pas sans évoquer d'une certaine façon l'atmosphère intimiste des jardins japonais.

 

Mais une autre filiation s'impose bientôt à notre esprit, lorsque nous cheminons dans ce havre silencieux et moussu : celle des ballades médiévales exaltant l'idéal de l'amour courtois si bien dépeint dans Le Roman de La Rose.

 

Le poète pénètre dans un jardin au beau milieu duquel se trouve un étang magique : un rosier s'y reflète et le poète n'a alors plus qu'un désir, cueillir une simple fleur, en prenant garde toutefois de ne pas se blesser aux épines, pour s'unir avec la beauté de la rose.

Chalcarraga, point d'étang, mais l'élément aquatique n'en est pas moins présent ; un réseau de petits canaux quadrille le périmètre, recoupant le bief qui borde la limite septentrionale du domaine pour actionner la noria.

 

Une vanne permet de soulager celui-ci lorsque les eaux provenant de l'Hanibaria sont trop hautes, en irriguant tous ces canaux secondaires.

Elle alimente par la même occasion une petite cascade qui éclabousse joyeusement des massifs de fougères géantes, Les osmondes royales.

 

 

le moulin de chalcarraga à ascain (2015). Dans Jardins & Intérieurs du Pays Basque.

   

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