Sacchino


Le port altier et l'apparence digne, le palais Sacchino se dresse majestueusement, du haut de ses falaises, face à l'océan.

 

Édifiée dans la lande aride et solitaire de Haritzako sablia, sur la commune de Bidart, la bâtisse blanche, avec portique et fronton de style néo-palladien, surprend par ses airs aristocratiques.

 

Ses références architecturales sont tout aussi inattendues, puisqu'il s'agit d'une fidèle réplique du Palais blanc, faisant partie des résidences royales à Belgrade (Aleksandar Dordevic architecte).

Enfin, l'histoire de ce singulier édifice, émaillée d'épisodes romanesques croisant le destin de plusieurs hommes d'affaires, d'une reine ou d'un milliardaire, n'en est pas moins insolite.


ROYAL AFFAIR

 

Tout commença en 1877, lorsque la société anonyme des bains de mer, faisant des plans sur la comète devant le superbe point de vue qu'offrait le site, décida d'y ériger un établissement de balnéothérapie, le Castel-Biarritz.

 

Mais la clientèle venant à manquer, les bains furent vendus en 1883 au pharmacien biarrot Jules Moussempès, qui y installa un casino... lequel le mena tout droit vers la faillite.

 

Quelques années plus tard, la reine Nathalie de Serbie (1859-1941), alors en exil à Biarritz, acquit le domaine.

Bénéficiant d'une grande fortune et ayant la nostalgie de son pays, elle fit construire en 1893 un palais à l'image de celui de Belgrade.

Elle le baptisa Sacchino, l'affectueux petit nom qu'elle donnait à son fils Alexandre (1876-1903). Retrouvant les fastes de la cour de Serbie, elle y donna des fêtes, très entourée par les têtes couronnées villégiaturant sur la côte basque ou par ses nouveaux amis, comme Pierre Loti.

 

Appréciée dans la région pour ses œuvres de bienfaisance, elle finança notamment les fonts baptismaux de l'église de Bidart.

 

C'est au palais de Sacchino qu'Alexandre tomba sous les charmes de la belle Draga Mašin, alors dame de compagnie de sa mère.

Succédant à son père sur le trône de Serbie, Alexandre épousa Draga sans l'assentiment maternel, mais le jeune couple fut assassiné en 1903 au palais de Belgrade.

Nathalie resta à Sacchino jusqu'à la Grande Guerre, puis se retira dans la congrégation des Dames de Sion, à Paris, où elle mourut en 1941. Désormais appelé Le Pavillon Royal, Sacchino fut racheté par le financier belge Alfred Loewenstein (1877-1928).

 

Mais ce milliardaire, surnommé « l'homme le plus riche du monde », disparut, un mois plus tard, à bord de son avion personnel. Le domaine fut enfin acquis par la famille de grands constructeurs aéronautiques Latécoère, en prenant son nouveau nom, Les Ailes. Dominique Dussol

 

bidart (2020). Dans 101 sites et monuments qui racontent le pays basque .

   

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