Ancienne capitale de la Basse-Navarre, Saint-Jean-Pied-de-Port doit son nom à son implantation géographique, au pied des cols qui assurent depuis toujours le franchissement des Pyrénées.
Dès sa fondation à la fin du XIIe siècle, à l'initiative du roi de Navarre, Saint-Jean-Pied-de-Port devient une ville-clé du royaume, embrassant une destinée rayonnante de place forte, carrefour commercial et haut-lieu du pèlerinage vers Compostelle.
La ville haute, délimitée par l'enceinte médiévale et la Nive, longe en pente raide le flanc de la colline, des portes de Notre-Dame à Saint-Jacques. Du pont à la Porte d'Espagne, la ville basse, bordée par la Nive, est ceinte d'une muraille.
Héritée du modèle des villages-rues du Moyen Âge, la ville s'ordonne autour de deux axes majeurs, les actuelles rues de la Citadelle et d'Espagne. Le parcellaire médiéval, en lanières étroites et longues, a été remarquablement préservé. La grande majorité des maisons est caractérisée par une façade sur rue étroite, une face latérale profonde et un jardin à l'arrière.
UN MUSÉE À CIEL OUVERT
Le charme de la vieille ville vient en très grande partie de la qualité de son patrimoine bâti, particulièrement bien conservé. Certains édifices ont gardé leurs étages à pans de bois, avec un ou deux niveaux en encorbellement reposant sur des corbeaux de pierre, comme c'est le cas pour la maison Laborde (n°39 rue de la Citadelle) et celle qui lui fait face (n°40).
La maison Arcanzola (n°32), datée de 1510, paraît être la plus ancienne maison, par sa structure à pans de bois avec un remplissage de briques agencées en épi. Les maisons construites ou reconstruites aux XVIIe-XVIIIe siècles incarnent le principal du patrimoine architectural du centre ancien.
Elles se caractérisent par la très grande harmonie des façades sur rue. Les très larges avant-toits supportés par des chevrons sculptés, parfois accompagnés de frises, s'échelonnent en escalier suivant la pente. Le décor est apporté également par l'appareil de maçonnerie, employant systématiquement le grès rose de l'Arradoy, alterné parfois avec des pierres de grès beige ou calcaire gris, et quelquefois valorisé par un jeu de damiers, à l'image du n°3 rue de la Citadelle.
Le charme émanant des maisons tient autant à ces éléments très typés qu'à toute une série de détails : les contrevents persiennés caractéristiques du XVIIIe, les baies du XVIIe recoupées par des croisillons de bois et leurs volets intérieurs, les fenêtres à la française à petits carreaux et boiseries peintes en blanc, les portes d'entrée et leur heurtoir stylisé.
VILLE AUTHENTIQUE
Au cours d'une promenade à travers le cœur historique, bien des inscriptions sculptées sur les linteaux ou claveaux des maisons attirent l'œil.
Une date, celle de la construction ou de la restauration, couronne la porte d'entrée. Certains linteaux évoquent les propriétaires de la maison, tel celui du n°26 rue de la Citadelle avec la dédicace suivante « Pierre Imbert et Marie de Larroque 1766 ».
La fonction sociale du maître de la maison pouvait être évoquée, à l'image de l'inscription du n°30 rue d'Espagne indiquant le métier de serrurier. Des symboles religieux ou encore des motifs très répandus dans l'art lapidaire basque, lauburu, rosaces et symboles solaires, animent également ces vieilles pierres.
Ville authentique, Saint-Jean-Pied-de-Port offre, tel un musée à ciel ouvert, aux regards et aux esprits un patrimoine architectural riche, préservé et mis en valeur. ALAIN ZUAZNABAR
saint-jean-pied-de-port (2020). Dans 101 sites et monuments qui racontent le pays basque .