Survivances Païennes


On trouve d'autres traces du paganisme ancestral des Basques.

Il n'est que de rappeler la si étonnante grotte du Saint-qui-sue à Bidarray (bide, « chemin », gar(r)ai, « haut ») en Basse-Navarre, au-dessus de la maison Arrutzia, dont la maîtresse conta si bien la légende au siècle dernier.

 

Allez marcher de ce côté et vous tomberez sur la grotte Harpeko Saindua (le « saint de la grotte ») à la base des falaises dominées par les escarpements méridionaux du massif de Zelaiburu. Là, d'après la légende, fut un jour aperçue une traînée lumineuse typique de celles laissées par Mari, la Nature, la grande déesse des Basques.

 

Depuis, il faut, pour soigner ses maladies de peau ou des yeux, venir se frotter à une stalagmite, le Saint-qui-sue.

Cela ne doit pas beaucoup plaire à l'évêque, mais les ex-voto témoignent d'une ferveur qui ne se dément pas. On trouve d'autres survivances païennes dans les procès de sorcières qui épouvantèrent le Labourd il y a 400 ans, en plein règne du « bon roi Henri » le Béarnais (le Henri IV des Français et de la poule au pot) et qui ne s'arrêtèrent qu'avec le retour des marins luziens de Terre-Neuve.

 

Il existe en effet une mythologie basque. Ce peuple a élaboré un panthéon très original avant l'arrivée de Kixmi, le « singe ». C'est étonnamment ainsi qu'est appelé le Christ dans les récits sur les Gentils (ou Jentils, du pluriel basque Jentilak). Quant à l'appellation « Gentils », elle correspond au nom donné aux peuples pré-chrétiens des Pyrénées dans les mythes basques.

 

Que disent les légendes sur Kixmi et les Gentils ?

Le fils du dieu unique qui s'était incarné dans les lointaines terres du Levant fut annoncé d'après l'une d'elles par un nuage lumineux. Les Gentils en furent si effrayés qu'ils déguerpirent vers l'ouest. Dans leur fuite effrénée, ils se jetèrent sous une dalle qui est depuis appelée Jentilarri (« pierre des Jentils » ou « sépulture des Jentils »).

 

Et voyez, la boucle est bouclée, jentilarri est le nom donné en basque aux dolmens. Ainsi, quand vous croiserez ces vénérables pierres, pensez que peut-être elles abritent encore quelques-uns de ces Géants apeurés. N'allez pas leur parler de Kixmi!

 

On l'a compris, les Basques adoraient les forces de la nature. José-Miguel de Barandiarân, ce prêtre et scientifique qui est tout bonnement le père fondateur au début du XXe siècle des études basques, en a fait une analyse d'une grande richesse:

Pour les Basques, deux principes dominaient la nature et de ce fait dictaient aux hommes leur destinée : « la » Soleil Eguzki ou Ekhi est la fille de la terre.

On l'appelle parfois « Grand-mère ». Quand elle se couche, Eguzki amandrea badoia bere amangana, « la grand-soleil rejoint sa mère ».

 

Elle chasse les forces des ténèbres, les esprits malins qui, la nuit quand elle n'est pas là, dominent le monde. On comprend l'importance de la croix basque, symbole solaire. On retrouve dans le Noël basque (Eguberri, littéralement « jour nouveau ») ce paganisme antérieur à la christianisation.

 

La deuxième force, la Lune, Ilargia, domine, elle, le monde occulte, celui de l'obscurité et de la mort (Ilargi, c'est littéralement la « lumière des morts »). C'est aussi une grand-mère.

 

survivances païennes (2018). Dans pays basque une terre, l’océan et des hommes .

 

Nagusia, marque de vêtements basques.