La pierre ne résume pas le Basque même si d'aucuns n'hésitent pas à dire que sa tête est dure comme la roche de ses montagnes.
Être basque, c'est aussi être souple, fluide, adaptable comme l'eau. L'adresse dans les jeux de balle en témoigne, la présence partout dans le monde le confirme.
Les Romains, venus de terres méditerranéennes soumises à la sécheresse saisonnière, en sont restés tout émerveillés. Cette terre dont ils achèvent la conquête en 55 av. J.-C. est d'une richesse en eau telle que la province impériale qu'ils créent, ils la nomment Gaule aquitaine, c'est-à-dire, selon une étymologie communément admise et tout à fait à propos, une Gaule, terre d'eaux.
De fait, la région, soumise à l'influence atlantique, est bien arrosée, d'un vert évident quand on passe un col pyrénéen pour se retrouver sur le versant sud des Pyrénées et subséquemment parcourue par un dense réseau hydrographique. D'ailleurs, mis à part quelques ruisseaux de Basse-Navarre et de Soule, affluents de la rivière Irati et donc appartenant au bassin de l'Aragon et plus généralement de l'Èbre, l'eau qui coule en Iparralde (Pays Basque nord par opposition à l'Hegoalde, Pays Basque sud) finit par se fondre dans les eaux de l'Océan.
Ces rivières atlantiques ont un cours peu étendu, mais elles n'en sont pas moins puissantes parfois du fait de leur débit torrentiel et des fortes pentes qu'elles dévalent en amont.
Aussi ont-elles été, en Soule par exemple, de remarquables agents de formation du relief.
L'érosion menée inlassablement par le Saison, qui prend sa source à plus de 1500 mètres d'altitude sur le territoire du village de Sainte-Engrâce, a créé un canyon vertigineux, les gorges de Kakuetta, de plus de deux kilomètres de long et dont la profondeur, variable, peut atteindre 350 mètres. Ce n'est pas le Colorado, mais cela reste impressionnant, d'autant que parfois l'étroitesse est telle que, du fond, on n'aperçoit du ciel qu'une mince bande d'azur, pris que l'on est dans les mâchoires calcaires de la montagne.
La végétation est exubérante, l'humidité omniprésente, mais la sensation de n'être rien qu'une particule élémentaire saisit le marcheur. Moins connues, mais toutes proches, les gorges d'Ehujarre donnent l'exemple d'un canyon sec. Elles sont « mortes », c'est-à-dire que la rivière qui les a creusées n'a plus de cours apparent.
Dans ces reliefs karstiques, l'eau fore le calcaire et parfois se taille un chemin souterrain. D'ailleurs, c'est dans le Béarn voisin, à quelques kilomètres, que la même eau fougueuse a créé cette merveille qu'est le gouffre de la Pierre-Saint-Martin, avec sa verticale de 320 mètres, longtemps la plus grande connue au monde.
un pays d'eaux (2018). Dans pays basque une terre, l’océan et des hommes .