La densité en monuments mégalithiques semble devoir être rapprochée de l'existence très ancienne d'une organisation sociale fondée sur le pastoralisme.
Avant l'âge du fer, c'est-à-dire pour faire simple il y a au moins 3000 ans, les hommes ont su, sur les reliefs, faire preuve d'une admirable adaptation à leur milieu et ils l'ont mis en valeur avec ténacité.
La fin de la dernière glaciation, il y a environ 10000 ans, a vu se développer l'activité humaine.
Ici, sur les contreforts pyrénéens comme partout ailleurs en Europe, les anciens chasseurs-collecteurs du Néolithique sont devenus des agriculteurs-éleveurs.
Avec le réchauffement climatique, la vie est plus facile et cela se traduit par une forte croissance démographique.
Dans la plaine, les premiers regroupements fixes confirment la sédentarisation à l'œuvre. Partout où les pâturages sont disponibles et abondants, ils sont investis.
Plus la population augmente, plus le nombre de têtes de bétail croît et plus on monte haut vers les estives, qui, avec la fonte, offrent en altitude une herbe grasse et annuellement renouvelée.
On retrouve encore aujourd'hui les traces de cette transhumance et la vocation pastorale de la Haute-Soule, par exemple, s'exprime par les milliers de brebis dont on devine la présence dans les sentes tracées au flanc de la montage.
Ce fil ténu qui raye les versants nous mène aussi vers le passé protohistorique.
Les bergers basques d'il y a quelques milliers d'années passaient là-haut plusieurs mois et les témoignages de pierre en sont la marque visible aujourd'hui, que cela soit sur les reliefs du Labourd, de la Basse-Navarre ou de la Soule. Les menhirs, les cromlechs et plus généralement toutes les constructions mégalithiques sont sans doute à considérer comme des bornes sur les parcours des troupeaux ou des indications de limites territoriales.
Le marcheur même peu aguerri aura l'occasion lors d'une course dans cette montagne aimable (il ne s'agit pas de la haute altitude) de remarquer leur position qui ne doit rien au hasard: sur une crête ou un col, sur un point de passage obligé ou encore au cœur d'un plateau particulièrement propice à la pâture.
un peuple de bergers (2018). Dans pays basque une terre, l’océan et des hommes .